Une balade sans but ~ Libre

Il y a une chose qu’il n’avait jamais supporté, les loups d’autres meutes venant sur des terres ne leur appartenant pas. Certes, il n’était plus Ulym et ce n’était certainement pas à lui de faire quelque chose contre la demoiselle. Cependant, il était solitaire. Il était sanguinaire et la demoiselle était Eileen mais surtout, simplement vivante. Alors, avant de s’approcher d’elle, il se redirigea vers la tanière d’un membre de la meute Ulym. Il savait que faire pour créer des ennuis, en plus, même s’il ne faisait plus partie de la meute et qu’il avait le droit d’aller où il veut, il restait généralement sur les terres Ulym, qu’il connaissait par cœur. Ainsi arrivé à la dite tanière, il se roula plusieurs fois au sol. Ça ne suffirait pas à lui faire avoir totalement l’odeur de la meute, mais assez pour faire douter la louve Eileen. Elle pourrait croire que c’est un espion Ulym qui revient de Dieu seul sait où.

Un rictus aux babines, il se dirigea vers la cascade et se montra bien rapidement, ne cherchant absolument pas à se cacher. Et ni d’une ni deux, il se retrouva près de la louve. Assez loin pour qu’elle n’ai pas peur, mais trop près pour ne pas savoir se jeter sur elle si le souhait lui venait.

« Ceci sont les territoires Ulym, vous n’avez rien à y faire, Eileen. »

Qu’il aimait ça !

La louve, une Eileen, semblait rester méfiante. Il restait après tout un mâle et surtout un inconnu. C’était parfois amusant de savoir qu’il y avait ce drôle de sensation de déjà-vu. Mais il n’y prêta pas attention, écoutant les paroles de la louve sans rien dire de plus. « Je suis désolée, cher loup, mais au cas où vous ne le sauriez pas, nos meutes sont en alliance, ce qui me permet d'avoir le choix entre ma meute, celle-là et les terres libres. Me trompais-je ? Non, mais êtes-vous au moins un Ulym, enfin je veux dire, de quelle meute êtes-vous ? » Un ricanement s’échappa de son être. Le prenait-elle pour un idiot ? Tout le monde savait que les Ulym et Eileen étaient alliés. C’était un des tristes points qui l’avaient abattus quand il était encore Ulym, ne plus pouvoir faire ses crocs sur les Eileen avait quelque chose de désolant.

« En été peut-être, mais avec l’approche de l’hiver et le manque de proie, alliance ou non, vous resterez sur vos terres et nous sur les nôtres. »

Il ne répondit pas à sa question estimant qu’il venait plus au moins d’y répondre en disant ‘nous’ quand il parlait de la meute Ulym. De toute façon, il n’était pas venu ici pour être amical. Et quitte à créer des problèmes, autant commencer quelque part. Son poil s’hérissa, ses babines se retroussèrent dévoilant ses crocs et son regard se fit plus mauvais.

« Soit vous restez, soit vous courrez, mais dans les deux cas, vous ne quitterez pas ces terres sans être blessée. »

« Je ne partirai pas pour l'instant »

Ce n’était sans doute pas la bonne réponse. Après tout, en courant elle aurait pu s’échapper. C’était un des grands désavantages d’être robuste mais surtout un mâle. Les louves en général courraient bien plus vite, étant plus petite, elles étaient souvent plus agile. Sans une parole de plus, le loup fit deux bonds, l’un pour quitter sa position, l’autre pour sauter sur la louve. Sauf qu’il avait prévu qu’elle l’esquive et pour cette raison, il esquiva lui aussi en dernière minute.

Atterrissant sur la droite, ses crocs vinrent frôler le pelage de l’Eileen. Son but n’était pour l’instant purement pas de lui faire du mal. Un jeu, version adulte et plus dangereux vu la taille de leurs mâchoires. Mais c’était amusant, il n’avait rien à faire et quitte à passer le temps.

Ulym ou non, il aurait même pu être Eileen, ce n’était pas la question. Pourtant, cette louve semblait faire de cette rencontre une simple conversation. La blesser ne l’intéressait pas. Et heureusement pour elle, il n’était pas un faible mâle violant de pauvres brebis égarées. Un ricanement l’échappa.

« Banni Ulym, enchanté. »

Et alors, il fit quelque chose qui n’avait rien de bien dangereux, coup de tête, de quoi pousser la louve un peu plus loin.

« Et depuis quand les Eileen ont-ils assez de neurones pour réfléchir, dites-moi, ô gentille petite louve ? »

Lunatique ? Tout à fait ! Et puis, qu’il l’attaque maintenant ou dans dix minutes, cela revenait au même.