Que des souvenirs ... - Feat Mephisto.

C’était près du lac de Tevië que j’étais assise, face à l’horizon remplit d’eau. Je ne faisais rien. J’observais seulement. Je ne pensais presque à rien. Du moins, c’est ce que je croyais. Petite, j’aimais bien venir me baigner dans un petit coin du lac. Je m’en souvenais comme si c’était hier. Le regard perdu dans le liquide transparent, les souvenirs commençaient à me monter à la tête. Je détestais me souvenir de mon enfance. De tout ce qu’il s’était passait. Mais pour une fois, je ne voulais pas faire celle qui s’en foutait de tout et de n’importe quoi. Je me laissais aller légèrement. Quand j’étais petite, j’aimais venir m’amuser près de ce lac avec mes deux frères. Je n’avais qu’eux pour m’amuser. Ma mère ? Je m’en fiche d’elle. Elle n’a jamais assumé son poste d’être une mère. Pendant toute mon enfance, c’était une nourrice qui s’occupait de nous. Elle n’en avait rien à faire de notre existence. Nous étions ses petits esclaves. Quand j’y repense, j’ai envie de lui faire regretter tout ce qu’elle m’avait dit. Tout ce qu’elle m’avait fait. J’étais bien consciente que c’était ma mère mais peu importe. Je n’ai jamais eu son amour. J’ai eu l’amour donné par une nourrice. J’ai eu l’amour de mes grands-frères. Mais aussi de mon plus grand ami. Ah, je m’en souviendrais toujours. Il s’appelait Bloody. C’est pourquoi je porte aussi son prénom dans le mien. Avec lui, je me sentais bien. C’était comme un père. D’ailleurs, je me demandais petit à petit si s’était vraiment mon père. Mon père biologique mais qu’il s’était amusé à me le cacher durant toutes ses années. Ma famille s’était dégradée peu à peu. Le seul que je côtoie souvent en ce moment, c’était mon adorable Mephisto. Un de mes frères. Mon grand frère. Un garde Shynee robuste et sans pitié. Je l’aimais, même si je ne le montrais jamais. Mon regard clair se vidait à la surface de l’eau. Jusqu’à ce que je sente une douce odeur bien connue. Celle de mon tendre frérot. Je savais qu’il n’était pas loin de moi. Je le sentais. Légèrement, je relevais mon regard en sortant complètement de mes pensées. Je l’attendais sans même rien faire. Je l’attendais, simplement.

Je continuais de regarder la grande étendue d’eau qui était face à moi. J’avais le regard perdu. Les pensées ailleurs. Je pensais. J’imaginais. J’étais à nouveau la jeune louvette qui passait son temps à rêvasser. En un rien petit instant, je quittais la terre où je me trouvais pour rejoindre les nuages. Je ne cessais de me demander pourquoi étais-je devenue ainsi. Aussi méchante et rancunière. Seulement … Je détestais tout ce qui m’entourait quand j’avais perdu les deux êtes qui m’étaient les plus chers à mes yeux. Cela remontait à longtemps. Et pourtant, je m’en souvenais comme si c’était hier. Lorsque j’avais une famille liée. Quoique … Il me manquait juste l’amour d’un père biologique. Heureusement que Bloody avait fait le nécessaire pour tout me donner. Ce loup était si important pour mes prunelles. Je lui devais tout. C’était celui qui m’aimait comme sa fille. Et je l’aimais comme un père. Parfois, je me demandais s’il était réellement mon père. Mais j’étais encore petite. Ma mère me répondait que non. Qu’il était un crétin de loup comme les autres. J’avais tellement envie de lui montrer à quel point elle pensait faux. Elle a toujours pensé le négatif au cours de mon existence. Elle s’en fichait de moi et de mes frères. Elle s’en fichait de tout ce qu’il l’entourait. Elle passait son temps à aller allumer les autres loups. Quand je pensais à elle, sur le moment-même, j’enfonçais mes pattes dans le sol. Comme si je me retenais de la retrouver et de lui faire bouffer la souffrance qu’elle me faisait étant jeune. J’espérais ne plus jamais la revoir. Et qu’elle meurt. Oui, j’étais fière de le dire. De le penser. Je pouvais même le crier haut et fort. Aujourd’hui, j’étais encore aux côtés de mon seul et unique frère: Mephisto. L’autre était partit. Peut-être loin d’ici. Il avait même, peut-être, une famille. Qui sait. Je continuais de fixer l’eau sans même sentir ce qui se rapprochait de moi. Puis ce fut une voix qui m’avait complètement éjectée de mes pensées.

- « Bloody Mary ... Quel plaisir de te revoir ... »

Cette voix. Celle qui me rassurait toujours. Cette voix de mâle virile et fort. Je pourrais la reconnaître en mille. Mon frère. C’était lui. Ma moitié. Légèrement surprise par sa présence, je tournais légèrement ma tête vers son côté. Il arrivait derrière moi, étant donné que j’étais proche du point d’eau. À tel point que je pourrais facilement avoir les pattes dans le liquide frais et transparent. Je ne pensais pas le voir ici en ce moment-même. Je pensais qu’il avait du travail à faire. Nous sommes restés dans la même meute. C’était pour moi une fierté de l’avoir encore à mes côtés. Je l’aimais tellement. Même si je ne le montrais pas. Mon grand frère. Le seul. Je venais souvent jouer avec lui et mon autre frère ici. À cet endroit même. On se bousculait et on jouait tous à « chat » dans l’eau. Celui qui se faisait toucher devait également tenter de choper les autres. Sauf que moi, j’aimais leur sauter dessus et leur enfoncer la tête dans l’eau. Même si Tanza, ma nourrice d’enfance, me demandait gentiment de faire doucement. Cette louve était unique. C’était elle qui nous avait élevé. Tous. Elle nous a vus grandir. C’était presque une mère à mes yeux. Puis elle nous a quitté sans rien dire. L’hors de sa mort et de celle de Bloody, j’en voulais au monde entier. Je voulais égorgés tout le monde. Tous ceux qui ne comprenaient pas que ces deux loups étaient ma deuxième famille. J’en pleurais. J’en criais de douleur. Je crois que Mephisto est le seul à s’en souvenir. Après quelques secondes, je finissais par lui répondre.

- « Mephisto. Mon cher grand frère. », disais-je avant de rejeter mon regard sur le point d'eau. « Une raison à ta venue ici ? Je pensais que tu avais du travail. »

Je savais qu’il faisait beaucoup pour nous, les Shynee. Je croyais même que c’était le loup qui levait la patte pour n’importe quelle tâche. Il s’épuisait lui-même. Je lui avais juste lancé ces quelques paroles pour le taquiner. Il savait très bien que, même si ma voix était rude, sèche ou dure avec lui, j’aimais l’embêter gentiment. Il était de ma propre famille. Nous avons le même sang qui coule dans nos veines. Je le respecterais quoi qu’il arrive et je le protégerais. Même si cela me coûtera la vie, peu importe.